Parution : novembre 2004
ISBN 9782845451025 (2004)
Autour d’un samovar, un homme raconte les aventures d’un jeune ingénieur Allemand venu en Russie pétri d’illusions mais extrêmement volontaire. Le lecteur suit ainsi les pérégrinations d’Hugo Pectoralis dans une histoire ponctuée de rebondissements à répétition et toute tendue vers le suspense.
Le héros débarque dans un petit village reculé de la campagne russe. Il y est chargé de moderniser une grosse exploitation agricole en introduisant des méthodes novatrices de travail. Doté d’un volonté de fer, il apprend le russe en six mois, grimpe dans la hiérarchie, déterminé à imposer sa vision du monde qui, pense-t-il, améliorera le sort des paysans et générera des profits à l’entreprise. Mais, projeté dans l’univers inconnu de la Russie profonde, prisonnier de sa vanité et de son entêtement, Pectoralis s’enlise. Il connaît rapidement des démêlés avec Safronytch, un brave paysan veule et ivrogne qui, involontairement, le conduit à sa perte. Car les moujiks l’observent, incrédules, le narguent, jusqu’à ce qu’il devienne la risée du village tout entier. Composé de petites saynètes, le récit dépeint avec force détails le personnage d’Hugo et sa volonté de fer, un trait de caractère qui revient comme un leitmotiv.
L’ambiance des campagnes russes et de la petite industrie plonge le lecteur dans l’atmosphère particulière des grands classiques russes. La force du livre est celle du skaz, histoire narrée par des grands conteurs qui expliquent leur vision du monde. À partir d’un rien, Leskov développe tout un univers qu’il dépeint avec subtilité tout en gardant en tête ce qu’il veut démontrer : la volonté de fer des Allemands ne dépasse pas le patriotisme russe. Ce récit ressemble à une fable, avec son lot d’images et sa morale finale.
Le grand écrivain se montre léger et facétieux, tout en gardant un arrière-fond empreint d’une sourde gravité.