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Il partage avec Gengis Khan et Alexandre le Grand le fait de n’avoir jamais perdu une bataille. Il a traversé les Alpes lors de la seconde Guerre de coalition (1799-1801) qui transforma la Suisse en terrain de guerre pour les grandes puissances de l’époque, et un monument lui est dédié au-dessus d’Andermatt. Il connut la gloire et la disgrâce, la vie à la Cour et des champs de bataille dont l’horreur poussera plus tard Henri Dunant à créer la Croix-Rouge.

À une époque où les troupes n’étaient que chair à canon aux yeux de leur hiérarchie, le généralissime Souvorov intrigua ses contemporains par son souci constant d’assurer le bien-être de ses soldats, leur éducation et leur formation, qu’il résuma dans son Art de vaincre.

Le général Serge Andolenko fait revivre cette figure excentrique, indissociable du destin de l’Europe.


À lire
Généralissime Souvorov, de Serge Andolenko, Éditions des Syrtes, 2016
La Russie contre Napoléon, de Dominic Lieven, Éditions des Syrtes, 2012


Extraits  (chapitre I – contribution de Souvorov à l’art de la guerre)
Généralissime Souvorov, de Serge Andolenko, Éditions des Syrtes, 2016

« Pour Souvorov, le facteur essentiel de la guerre reste l’homme. C’est la valeur morale du combattant, sa volonté de vaincre qui, avant tout, assure la victoire. « Le véritable héroïsme des troupes ne peut être suscité que par une cause élevée, sacrée », proclame-t-il, pendant que Frédéric II ricane: « Ah, si les soldats savaient pourquoi nous nous battons, ils ne se battraient jamais. »

Et l’enseignement de Souvorov met en relief la suprématie absolue de l’esprit sur la matière et accorde la première place à l’éducation. Revenons à l’étude précitée du commandant Gillet: le matériel n’est rien sans l’homme qui l’utilise. Avec la pique ou la mitraillette, ses motifs de se battre sont toujours la défense du foyer, le patriotisme, l’amour de la liberté, l’attachement pour le chef, ou l’esprit de conquête.

Devant un danger inconnu, éléphant ou bombardier en piqué, c’est la même terreur qui le saisit. Si la discipline ne coordonne pas ses efforts et ne fait pas de la cohorte ou de la compagnie une seule âme, s’il n’est pas instruit dans le maniement de son arme, mousquet ou automoteur, si ses procédés de combat, lourde phalange ou charge à la baïonnette, sont surannés, il court à la défaite.

Pilotant un char lourd ou maniant la pique, c’est toujours l’homme l’élément essentiel du combat. La croyance que des techniques nouvelles rendent le facteur humain négligeable n’est pas nouvelle. « Ô Hercule, s’écriait déjà le Spartiate Archimède en présence d’une catapulte, voilà la fin de la valeur de l’homme. » Et l’homme a peu changé, psychologiquement et physiologiquement, depuis 3000 ans. L’arme inattendue qui l’effrayera, la manoeuvre qui le frappera dans le dos, sont toujours certaines de vaincre.

Mais ce qui nous paraît indiscutable maintenant n’était pas du tout acquis au temps où Souvorov partait seul en lutte contre le monde militaire. Longtemps, sa voix est restée celle d’un prophète prêchant dans le désert. Mais petit à petit, il a gagné du terrain. Il a convaincu d’abord son régiment, sa division ensuite, l’armée enfin et de nombreux, très nombreux amis à l’étranger.

Son mérite est immense. Le premier en Russie, il a crié « Halte là! » aux aberrations militaires de son siècle; le premier il a rappelé au monde les vérités éternelles de l’art de la guerre. Trente ans après surgira en Europe le génie militaire de Napoléon: lui aussi portera des coups implacables à la stratégie géométrique et au drill. Et le vieux Souvorov, dès 1796, le placera sur le pied d’égalité avec César son maître, et saluera en lui l’ère nouvelle dans l’art de la guerre. « 

La suite ici!  Généralissime Souvorov, d’Alexandre Spiridovitch, Éditions des Syrtes, 2015

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