Parution : octobre 2015
ISBN 9782940523269 (2015)
Egon Berger (1912-1988) livre ici un témoignage capital sur les quatre années de captivité qu’il a passées au camp d’extermination de Jasenovac, de 1941 à 1945.
Sur la carte mentale de l’anéantissement des Juifs dont dispose le lecteur français, un lieu devenu symbole absolu – Auschwitz – tend à absorber tous les autres. De même, un mode d’extermination – la chambre à gaz – à désigner la Shoah dans son ensemble. (…) La figure du SS est ainsi nécessairement convoquée dès lors que nous nous représentons le
génocide. Il accueille les convois sur le quai, on le retrouve dans l’encadrement des foules menées vers les sites de massacre. Or, il nous faudra d’emblée, pour aborder le témoignage d’Egon Berger, complexifier notre imagerie du crime de masse. À Jasenovac, camp d’extermination (officiellement « camp de rassemblement ») pour Serbes, Roms, Juifs et opposants, un des premiers et des plus meurtriers de la Seconde Guerre mondiale, on ne le verra pas, le lieu étant géré uniquement par des oustachis. On ne verra pas non plus de chambres à gaz, les moyens de tuerie y étant les plus primitifs et les plus cruels ».
Luba Jurgenson, extrait de la postface